La Taverne jour après jour

Cela faisait quelques temps que Poppea n'était pas venue à la taverne, le moment de fête que devait être la soirée du capitaine avait tournée en bataille organisée.
Poppea était ravie de voir que tout avait été remis en ordre.
Remise de sa blessure, elle sortait tout juste de l'hôpital, où elle avait reçu plus que des soins.
Lagardère s'était occupé d'elle comme un père, Massam était passé tous les jours pour lui conter les nouvelles de la confrérie, mais elle savait qu'il s'inquiétait pour elle, et qu'il ne lui dirait jamais. Tous ceux qui lui étaient proches étaient venus, racontant leurs aventures et mésaventures avec les pirates, c'était comme si Poppea avait été avec eux, elle le ressentait ainsi.
Elle avait été plus qu'étonnée d'apprendre le lien qui unissait Kristal et Sealover, mais en y réfléchissant elle voyait ça comme une évidence.
Tout ce qui ressortait de cette soirée était pour elle une révélation, cela unirait à jamais ce petit groupe, se battant ardemment pour défendre leur ville.
Poppea franchit la porte de la taverne comme pour exhorter sa peur, pour voir si tout était bien fini.
Henri était là, il était resté toujours auprès d'elle. Il fût d'une patience exemplaire, l'aidant à se nourrir, à se lever pour la première fois, à s'habiller et à revenir sur le lieu du drame.
Henri était gouverneur et il la divertissait avec la vie de Port Louis et ils discutaient pendant des heures, cela les avait rapproché à tel point qu'ils étaient devenus une entité.
Poppea savait désormais que la vie sans lui serait désormais impossible.
Ils n'avaient pas connu beaucoup d'intimité ensemble, puisque l'hôpital ne leur en offrait guère. Ils avaient apprécié les rares instants de solitudes qu'ils avaient eu, en s'enlaçant tendrement.
Ce soir ils retourneraient tous les deux à la confrérie du Lys, l'espoir de se retrouver enfin seul avec son amant la remplissait de joie et de crainte.
Mais pour l'instant, ils s'installèrent tous deux à une table et commandèrent un verre. Ce simple geste du quotidien ramena Poppea dans le monde réel.
Sa vie pouvait alors reprendre son cours normal.

Henri était aux anges. Poppéa se remettait bien de sa blessure et c'était pour lui une joie immense.

Lorsqu'il arrivèrent dans la taverne, il ne subsistait rien de l'agitation des derniers jours. Henri s'installa près de Poppée et lui pris la main. Enfin un peu de calme. Ils allaient pouvoir enfin penser àa autre chose qu'aux pansements et autres.

- Poppéa je suis heureux de ce qui nous arrivent.!

Il l'embrassa tendrement.

Un courrier arriva juste à ce moment précis. Le jeune homme semblait essoufflé.

Monsieur le gouverneur. Un problème urgent régler au Palais.

- Non je vais rester là prévenez le général nous allons discuter dans mes quartiers privés.

Cela lui laissait encore un peu de temps pour s'occuper de sa belle convalescente.

Quelques instants plus tard, Usap arriva et emmena Henri avec lui. Celui ci déposa un baiser dans la paume de Poppea avant de partir.
-Je te rejoins ce soir.
Poppea lui sourit et se laissa tomber dans la rêverie.

Massam entra dans la taverne accompagné de Dame Syvania.
-Ah Poppea tu tombes bien, si tu peux faire faire le tour du propriétaire et montrer ses appartements à Dame Sylvania! Salut les filles!
-Massam attend! où vas-tu?
-J'ai du boulot!!! pas le temps!
-Ah!

Poppea embrassa son amie.
-Ravie de te voir parmi nous.
-Moi aussi!
_quand es-tu arrivée? Raconte moi tout!

Un peu intimidée malgré l'accueil plus que chaleureux à son arrivée, Dame Sylviana suivait Massam au sein de la taverne où elle put y reconnaitre Poppea avec qui elle avait eu l'occasion de passer quelques jours.

Déjà Poppea prenait de ses nouvelles sur ces dernières aventures.

Et bien, je suis arrivée ici cette nuit à peine, le temps pour moi de terminer mes affaires dans les mines. Maintenant que cela est chose faite, je suis venue me présenter à tout le monde et visiter les lieux.

L'endroit est vraiment charmant !

Poppea continuait à marcher dans les couloirs passant devant les chambres, le bureau de Massam, la salle d'armes... Sylvania parlait peu et avait l'air d'être très attentive à ce qui ce passait.

Elles allaient arriver à la chambre de Dame Sylvania, lorsqu'elles croisèrent Lagardere.
-Bonjour Poppea. Dame Sylvania, je suis votre serviteur.
Lagardere prit la main de Sylvania et l'embrassa.
-Comment tu sens tu aujourd'hui?
Poppea déposa un baiser sur la joue de Lagardere.
-Tu te fais trop de soucis mon ami. Je vais bien.
Lagardere est notre médecin, il soigne tous les maux, aussi bien ceux du corps que de l'âme.
Sylvania sourit timidement à Lagardere.
-J'accompagne Sylvania à ses appartements.
-Bonnes journées mesdames, des patients m'attendent!
-Nous y voilà, je te laisse prendre possession des lieux, cette chambre est petite mais est très bien éclairée. Tes affaires vont t'être apportées.
Si tu as besoin de moi, je serais au tribunal, quelques affaires à régler.
Sinon, n'hésites pas à déranger Massam!

La porte de la taverne s'ouvrit brusquement, allant claquer contre le mur, et se rabattant sur Clémente qui venait d'apparaitre sur le palier. Celle-ci répondit d'un coup de pied pour éviter de se prendre la lourde porte dans le nez.

Saleté ! Ah ah, tu as cru que tu allais m'avoir ?

Une fois la porte stabilisée, la demoiselle repartit dehors, et revint quelques secondes après, trainant une lourde malle derrière elle jusqu'au milieu de la pièce. Essoufflée, elle regarda tout autour d'elle :

Et alors ? Ils sont où les hommes ? Mes robes ont hâte de trouver leur nouvelle demeure !

Elle fit un clin d'œil à la malle :

Sûrement en train de se faire beaux pour nous !

Massam triait des papiers à son bureau. avec tout ce remue-ménage, en ce moment, la paperasse s'entassait sur son bureau.
Comme toujours, dans ces cas-là, le capitaine était d'une humeur de chien.
Le bruit de la porte se fait entendre puis un certain fracas. Un curiosité mêlée d'énervement commençait à l'agiter.
Massam se leva et vit une jeunette, fort agréable à regarder, avec une énorme malle.
Charles de lui demander :
C'est quoi ?
C'est rien, c'est l'arrivage d'aujourd'hui.

Ils reprirent leur travail...
Faudra faire gaffe, pensa t-il. Toutes ces filles... On va passer pour une guilde de lopettes, à force...

Laissant Sylvania à ses affaires, Poppea allait sortir du Lys, quand elle tomba nez à nez avec Clémente.
-Clémente! tu es déjà là, Bonjours!
As tu fait bon voyage?
-Bonjour Poppea, je pensais qu'un comité d'accueil m'attendait!

L'aplomb de la jeune femme déstabilisa Poppea.
-Bien sûr! tu verras tout le monde ce soir!
il y a un repas organisé pour votre arrivée à toi et à Sylvania!
Pour l'instant je vais te conduire à tes nouveaux appartements, suis moi je me ferais une joie d'être ton guide.
-Très bien je te suis!
-Laisses ta malle, je vais demander à ce que l'on te l'apporte à ta chambre.

Poppea donna quelques ordres et fit le tour avec Clémente.

Clément était d'une nature plutôt bavarde et posait mille question à la seconde. Poppea n'avait pas le temps de répondre à tout. Lorsqu'elles passèrent devant le bureau de Massam, Clémente s'immobilisa.

-C'est donc ici qu'est le bureau du chef?
-Oui, veux-tu qu'on le salut?
-Oui, avec Plaisir.

Poppea frappa à la porte, elle entendue un grongnement, ce qui signifiait qu'elles pouvaient entrer.
Poppea passa la porte en première et découvrit Massam et Charles.
-Je ne vous dérange pas longtemps, je voulais te prévenir que Clémente était arrivée.

Clémente passa la tête dans l'embrasure de la porte. Poppea embrassa Charles. Elle ouvrit la porte en grand en levant les bras en l'air.
-Coucou, c'est moi! je suis arrivée!!!

- Hmmm ?
Ce grognement faisait office de permission d'entrer. Charles leva la tête quand la porte s'ouvrit sur une Poppea radieuse, à nouveau en pleine forme.
Derrière elle, une bouille souriante salua les deux compères, c'était Clémente.

- Ah, oui, c'est vrai, l'arrivage d'aujourd'hui... Bienvenue chez nous... chez toi, je veux dire.
Ces mondanités n'étaient décidément pas le fort du Capitaine. Charles en sourit d'ailleurs.
- Bon, faut fêter ça ! On va organiser une petite soirée pour remettre à Clémente et Sylviana leur Fleur de Lys et leur Livrées respectives. Poppea, occupe-toi de ça. Fais-toi aider, tu vas bien trouver une âme charitable ! Mais faites moins d'effort que la dernière fois, s'il vous plaît ! Evitez-moi une baston en plein Port-Louis, avec Pirates, blessés et tout le tintouin.

- A vos ordres, Capitaine !
Le ton direct et sans détour parut surprendre la nouvelle recrue. Clémente sortit, Poppea fit mine de faire de même.
- Attends ! Poppea sur le seuil de la porte se retourna.
Dans une heure dans tes appartements, faut que je te vois.

Elle acquiesça puis sortit à son tour.
- Dis donc, il est toujours comme ça le Capitaine ?, demanda Clémente. Entre son ton et Charles qui n'a pas décroché un mot, c'est gai ici !
- T'inquiète pas, ils ont un bon fond. Apprends à les connaître ! Et c'est vrai que la soirée Pirates a laissé des traces...

Charles regarda la porte se refermer sur Poppéa et Clémente et repris l’exposé qu’il était en train de faire à son capitaine sur la nouvelle gestion économique du Lys.
- « …Car si on considère les nouvelles
compétences de Gaheriet avec ce que nous a proposé Lagardère alors je ne vois plus vraiment l’utilité de confier les bijoux de famille à une personne qui ne soit pas du Lys et d’ailleurs j’ajoute…
- « Comment tu les trouve ?

Charles s’arrêta un peu amusé
- « Les bijoux de famille ?
- « Mais non je te parle de nos deux nouvelles recrues.
- « Et bien, elles sont jeunes, manifestement motivées et au moins l’une des deux n’a pas la moindre idée de ce que l’on pourrait appeler « discipline » ou « respect envers les anciens ». Ce qui est une preuve de grande indépendance. »

Massam sourit presque pour la première fois de la journée.
- « Elles sont aussi très jolies toutes les deux.
- « Oui mais ça c’est encore le plus facile. « Être belle et aimée, ce n'est être que femme. Être laide et savoir se faire aimer, c'est être
princesse » mon ami. Et puis de toutes façon je suis trop vieux pour ce genre de considération. »

Charles ramassa ses dossiers, comprenant que les discussions sur l’économie attendraient le prochain exposé de Lagardère et Usap.
Il posa sa main sur l’épaule de Massam.
- « Et d’ailleurs, il se pourrait bien que toi aussi Capitaine. »

Je sortais de ma chambre quand je croisais Poppéa accompagnée de Clémente.

Salut les filles ! On va finir par être en supériorité numérique au Lys ! La relève assurée par les femmes, c'est pas beau ça !
Bienvenue Clémente, une belle maison, des hommes partout, je pense que tu devrais te plaire. N'hésite pas à venir me voir, si y en a un qui te fais des misères.

Poppéa m'annonça ensuite qu'une fête se préparait en l'honneur des nouvelles recrues.

Encore une ! décidément le Lys n'a jamais connu autant de mouvement que ces dernières semaines... bon, faut pas perdre de temps, filons à la cuisine.

Raoul ! Raoul ! merde alors, il est parti ! Il va falloir que je fasse sans...
Petits fours, coktail, à l'aide !!!!!!! Massam va râler si rien n'est prêt.

Je me mis à fouiller frénétiquement tous les placards à la recherche de denrées suffisantes pour préparer de quoi ce mettre sous la dent et en espérant que Raoul débarque au plus tôt.

Poppea accompagna Clémente à sa nouvelle chambre. Elle s'empressa de s'asseoir sur son nouveau lit et en testa la souplesse.
-Je me sens déjà chez moi!
-j'en suis ravie.

Poppea s'installa à ses côtés.
-C'est étrange, ça me rappel ma propre arrivée au Lys. Le temps à passer,
mais il me semble que c'était hier.

Poppea resta dans la nostalgie un instant.
-il faut que j'aide Kristal pour ce soir. Je te laisse!

Elle sortit de la chambre de Clémente et en referma la porte. Poppea marqua une pause, la fatigue la gagnait.
Elle voulait aller au tribunal pour remettre un peu d'ordre dans ses affaires, mais elle ne s'en sentait plus la force.

Poppea descendit aux cuisines et retrouva Kristal à la recherche de quelques nourritures et d'alcool pour le soir.
-kristal! j'ai envoyer Raoul faire les courses . Je sais que d'habitude c'est toi qui t'occupe des soirées et je pense qu'il reviendra d'ici peu. Maintenant si je peux t'être utile, je suis dispo.
-Poppea, tu vas bien? t'es toute pâle!
-Un peu de fatigue voilà tout. J'ai quelques affaires à régler, je suis dans ma chambre si tu me cherches.

Poppea laissa Kristal de compter les bouteilles pour la soirée.
Elle rejoignit sa chambre et s'installa à son bureau. Une pile de courriers l'attendaient. Elle pensa alors à Massam, quand celui-ci frappa à la porte.
-Entre!

Massam avait l'air sombre et se planta devant Poppea sans mot dire. Elle se retourna vers son ami;
-Salut, tout va bien?
-Plein de boulot! j'te vois plus.
-Je sais, c'est la fonction qui veut ça.

Massam lui tendit un petit paquet.
-Pour toi.
-Ce n'est pas mon anniversaire. Que me vaut l'honneur?
-ouvre tu vas comprendre!

Son ton sonna comme un ordre, il scrutait Poppea de son bel oeil bleu. Elle se fendit d'un sourire.
-Une dague?
-Je veux que tu la portes en permanence sur toi!
-Que crois-tu qu'il puisse m'arriver?
-C'est déjà arrivé! Et je peux pas être derrière ton p'tit cul tout le temps!
-Pourquoi ne dis-tu pas simplement que tu t'inquiètes?
-Tu rêves soeurette! j'ai besoin de tout le monde! Sois plus prudente à l'avenir.

Poppea était piqué dans son orgueil.
-Très bien capitaine! autre chose?
-Oui, viens ici.

Poppea se leva et alla vers Massam.
IL ouvrit ses bras et la serra contre lui. Poppea s'y blottit.
-T'es vraiment bruto!
-Ouais!!! merci.
Bon j'y vais, et tiens toi loin des problèmes, Ok!
-Ok.

Massam ouvrit la porte et découvrit Henri qui s'apprêtait à frapper.
Les deux hommes se dévisagèrent l'espace d'une seconde.
-Capitaine.
-Henri.

Massam donna une tape amicale sur l'épaule d'Henri. Et lui glissa en passant:
-A plus tard mon frère!
Et plus fort:
Pense à ce que je t'ai dit Poppea!
-Part avant que je teste cette dague sur toi!
Massam partit dans un éclat de rire.

Gahériet était resté longtemps dans ses appartements. Les différentes fêtes n'avaient pas changé ses humeurs. A croire que le temps avait fait son oeuvre sur sa volonté, il n'avait plus gout à rien.
Son seul plaisir était les livres et leurs capacités à le faire rêver.
Finalement avec le recul l'œuvre du temps avait métamorphosé d'une certaine manière Gahériet. Ce dernier si extraverti, si guerrier était devenu plus renfermé mais surtout avait perdu cette volonté de combattre. il n'aspirait plus qu'à une certaine paix.
C'est donc tout naturellement qu'il se tourna vers la lecture...

L'arrivée du nouveau chef avait entrainé bon nombre de changement dont surtout une réelle volonté de bonifier l'or des caisses.
Gahériet avait vu là une opportunité, non pas qu'il voulait se relancer dans une course quelconque au pouvoir, mais de servir le Lys et de se retrouver un but.
Sa décision avait été relativement rapide, il en avait parlé à Massam, Charles et Lagardère ces derniers avaient été tout de suite partant.
Leur confiance faisait plaisir à voir.

Sûre de son choix, Gahériet avait passé ses derniers jours à travailler sa comptabilité, puis à relancer ses anciens contacts afin qu'il puisse récupérer son argent et ses différents biens gagés.

Une fois tout le travail fait, il se leva et se regarda droit dans la glace.

- Mon vieille ami, qu'elle sale tête tu as, je crois que tes habits de baroudeurs et ta sale trogne ne correspondent plus à ta nouvelle fonction. Comme on dit, l'habit fait le moine.

Du coup, Gahériet se dirigea vers sa vieille malle et en sorti un uniforme.

- Militaire un jour, militaire toujours comme on dit. Et ce n'est pas ma nouvelle fonction de banquier qui va me faire perdre mes habitudes....

Content de lui, il s'habilla puis se dirigea vers la salle commune. Juste au moment ou il pénétra dans la pièce il vit Kristal qui s'organisait pour préparer la soirée d'accueille des petites nouvelles.
Sans plus attendre il pénétra dans la cuisine, mit un tablier, puis comme si de rien était commença à préparer une salade de poisson....

Je fus soulagée quand Poppéa m'annonça que Raoul était parti chercher de quoi organiser la petite fête.

En effet, quelques minutes après, il débarqua les bras remplis de victuailles, fruits, poisson tous droits sortis du Port, viennoiseries...Je me dépêchais d'aller l'aider avant que tout ne tombe par terre.
Trop tard, les oranges et les pommes se dispersèrent dans la cuisine et je me retrouvais à quatre patte en train de les ramasser une à une.
Soudain la porte s'ouvrit et des bottes arrivèrent à la hauteur de mes yeux, ces derniers remontèrent lentement en direction du visage de leur propriétaire.

Lui ici !

Je me relevais et alla me poster derrière son dos
Bouge pas, ton tablier est mal mis, je vais te refaire le nœud.

Le regarde de bas en haut avec un regard admiratif
Ravie de te voir de nouveau parmi nous, Gahériet.Tu es splendide, enfin rasé, bien habillé, tout beau, tout propre, que nous vaut ce changement si brutal pour mes yeux ?

Merci pour le tablier...
Faut croire que tout à une fin, même mon envie de calme et de solitude...

Sur ce dernier mot, Gahériet fixa Kristal droit dans les yeux, mais un sourire en coin laissait entrevoir que ce dernier s'amusait de cette situation...

Enfin, pour faire claire je reviens aux affaires, non pas comme combattant je n'ai plus gout au sang, ni aux armes, mais comme banquier.
Je vais m'empâter avec vos petits plats, c'est pas pour rien qu'on a recruté toutes ces femmes quand même, puis je vais faire mon pingre avec l'or du Lys.
Plus sérieusement, avec Massam et Lagardère on s'est rendu compte que l'or des coffres étaient mal exploité, donc on va voir pour mieux le rentabiliser.
Donc du coup, qui on sort de l'armoire et qu'on dépoussière c'est bibi.
Mais bon j'en suis content, ça fait du bien de revenir parmi vous.
Dis moi on parle, on parle mais c'est pas comme ça que les affaires vont avancer, alors au fourneau ma belle et cravache non mais, sinon gare à tes fesses.

Encore une fois un clin d'oeil vint ponctuer sa dernière phrase, puis machinalement Gahériet se retourna vers sa salade et se mit à couper différents poissons qu'il avait à sa porté...

J'écoutais avec attention Gahériet me présenter ses nouvelles fonctions. Que de changement en si peu de temps...Notre guilde retrouvait enfin tout son panache et sa force, nous étions de nouveau avec pleins de projets d'avenir en tête. Tout le monde y mettait du sien, et l'une des plus grandes surprises était le retour de Gahériet.

Je me sentais comme sur un petit nuage en ce moment et parfois j'avais du mal à suivre tout ce qui se mettait en place. La preuve, j''étais de nouveau perdue dans mes pensées au lieu de préparer mes desserts. Gahériet comme a son habitude me rappela gentiment à l'ordre.

Une fessée ? comme au bon vieux temps ? Alors je vais encore trainer un peu lui dit je avec un grand sourire.

Bon allez ça va, j'arrête, retourne à tes poissons et fais en sorte qu'on soit pas tous malades après.

Je contournais la table pour me mettre face à lui et commença à préparer ma tarte chocolat banane. Un délicieux silence nous enveloppa, je ne remarquai même pas la présence de Raoul qui s'occupait de tout le reste.

Il va falloir quand même à rassembler tout le monde, pensais je
Clémente et Sylvania n'allaient surement pas tarder à descendre de leurs chambres et il serait malheureux que personne ne soit là pour les accueillir.

Gahériet regardait les assiettes terminées. Les salades tahitienne étaient finies, le résultat était pas mal...



Gahériet leva la tête et regarda quelques instant Kristal. Puis comme redescendu de son nuage commença à défaire son tablier.

Je crois bien que je ne me suis pas taché, j'suis assez fier de moi. Je pense que les préparatifs sont bien avancés voir terminés.
Je vais aller faire un tour dans la batisse du Lys voir ceux qui trainent un peu...

Sur ce il se prit la direction de la sortie , puis en passant à coté de Kristal lui prit délicatement le menton, lui redressa la tête et tendrement l'embrassa sur le front.
Puis sans rien dire sortie de la pièce...

Je fermais les yeux quand il me déposa son baiser sur le front et lui dit simplement

C'est magnifique Gahériet, on va se régaler. Je finis et je te rejoins dans la salle. Je peux compter sur toi pour vérifier si tout est en place ?

Pendant que les tartes finissaient de cuire, j'allais chercher les macarons que Raoul avaient ramener pour les disposer dans un plat.

Impeccable !

Puis je me mis à préparer mes petites verrines
Une, deux, ...mon dieu, c'est qu'on commençait à être nombreux



L'odeur de chocolat chaud chatouilla mes narines, ni une ni deux, je sortis la première tarte et la déposa toute fière devant le résultat

Si quelqu'un ose dire qu'il a encore faim, je lui fais avaler ses doigts

Lagardère profitait d'un moment de répit pour piquer un petit somme dans sa chambre. Les derniers jours avaient été éreintants. Après l'attaque des pirates, les admissions de blessés avaient été très nombreuses, et le bon docteur avait eu bien du labeur.

Il songea à Poppea et sourit. Elle allait beaucoup mieux et il s'en réjouissait. Un temps il avait sérieusement craint pour sa survie, mais l'amour d'Henri lui avait donné la force de résister. Leur union n'en serait que plus forte.

Du chocolat ? Un fumet délicieux réveilla les papilles de Lagardère. Il se leva, réajusta ces vêtements et mettant ses mains en coupe pris de l'eau pour se rafraichir quelque peu. Sortant de sa chambre, il entendit Kristal donner des ordres à Raoul. Elle avait de nouveau pris les choses en main, il était grand temps d'aller l'aider.

Le docteur descendit prestement les escaliers puis s'engouffra dans le cellier. L'arrivée de Clémente et de Dame Sylviana ne pouvait se fêter.... qu'au champagne ! Il empoigna une caisse d'un excellent millésime et rejoint Kristal.

- Mais dis donc ça a l'air délicieux tout ça ! J'ai pris de quoi nous désaltérer. Mais nous sommes bien seul ? Débouchons en une ! Le bruit fera sortir les autres de leur chambre, tu peux me croire !

Dit-il en souriant, joignant le geste à la parole.

Clémente était restée un long moment dans sa chambre. Elle se savait attendue, mais quelque chose de plus important la retenait. kristal devait penser qu'elle décorait la chambre en multitudes couleurs, mais cette étape importante attendrait aussi. Agenouillée au pied du lit, la nouvelle lyssoise parlait toute seule, d'une voix très douce :

C'est une soirée pour les grands mon lapin. Nos nouveaux amis seront heureux de te voir demain, tu verras.

Un silence. Le visage de Clémente était serein, et son sourire d'une tendresse extrême. Rares étaient ceux qui avaient pu voir ses yeux animés d'une telle étincelle d'amour.

Chuut, tu vas dormir un peu d'accord ?

Elle quitta la chambre à pas de loups, et referma la porte doucement. En descendant les escaliers son sourire évoluait doucement pour redevenir charmeur, ses yeux brillants de provocation. Les odeurs alléchantes des gâteaux lui permirent de retrouver la cuisine sans trop de difficulté. Elle arriva au moment où le champagne était débouché.

Oh ! je vois que j'arrive au bon moment !

J'étais en train de nettoyer et ranger la cuisine avec Raoul, quand une voix d'homme me stoppa dans mon élan. Cette fois, pas de doute, c'était mon tendre ami.

Enfin ! tu en as mis du temps à me rejoindre ! pourtant tu as du mal à rester loin de moi d'habitude dis je en souriant

Viens là que je t'embrasse !

Du champagne ? rien que pour nous deux ? allez, soyons fou, pourtant tu sais bien je tiens pas l'alcool, mais vu qu'il n'y a quasi personne...pas de témoin..

J'attrapai d'une main la bouteille et de l'autre la taille de mon ami.

A la notre ! aux nouvelles qui ne se décident pas à venir et aux absents !

Alors que nous entamions naturellement quelques pas de danse, Clémente fit enfin son apparition.

Ah ba quand même !! c'est pas trop tôt ! on allait monter se coucher vu qu'il n'y a pas un chat mais avant tu vas faire honneur à ma cuisine et à celle de Gahériet. Les absents ne savent pas ce qu'ils perdent !

Marmonne tout bas
Et ils vont m'entendre en plus...

Henri était resté dans l'encadrement de la porte en restant les yeux fixés sur Poppea qui gardait toujours la dague à la main.
-As-tu l'intention de tuer quelqu'un en particulier?

Poppea ne réagissait pas. Henri s'avançait vers elle doucement et lui prit la dague des mains. Il la saisit et l'admira .
-C'est une oeuvre remarquable que cette dague. Je ne la connaissais pas? D'où vient-elle?
-Aucune idée, ce n'est pas important.

Elle lui prit l'arme des mains et la regarda plus attentivement. Elle était simple et était parfaitement adaptée à sa main, légère et extrêmement coupante. Massam avait fait une folie,sur la tranche de la lame il y avait fait inscrire la devise de la guilde. Poppea était touchée.
Soudain, elle se sentit coupable d'avoir crier sur lui. Elle le remercierait plus tard. Pour l'instant Henri était là et rien d'autre n'importait.

-Ferme la porte Henri, nous avons à parler.

Tout à coup, il devint inquiet, Poppea n'était jamais aussi directe.
-Je...

Poppea devenue hésitant, perdit ses mots. Comment aborder le passé amoureux d'henri sans le froisser? La voyant dans l'embarras, il l'aida à formuler sa question.
-Pose ta question franchement Poppea! n'est pas peur de moi.

Poppea prit son courage et se lança.
-Hernanone!
-Ah!

- Les absents ?
Massam se tenait sur le seuil de la cuisine.
- S'il y a un coup à boire, je suis toujours partant !

Le Capitaine souriait, rien que de voir Gahériet en cuistot improvisé... Clémente avait l'air tout à fait à l'aise dans sa nouvelle maison.

Tous les 4 trinquèrent dès que Kristal eut tendu un verre à chacun.

- Bon, c'est pas le tout, sortons tout ça dans la grande salle. Il n'est pas usuel de trinquer dans son coin ici. Poppea n'est pas avec vous ?

Il repensa au cadeau qu'il lui avait fait. Si elle savait d'où venait ce sabre exceptionnel. Plus tranchant qu'un rasoir. Il avait fallu trouvé un forgeron de talent pour graver la devise de la guilde sur son tranchant. "El Pluribus Unum" !
Quelle ironie, pensa-t-il. L'ancien propriétaire doit se retourner dans sa tombe !